Comment l'histoire familiale a tendance à se reproduire...Voilà mon voleur de coeur reparti lui aussi de l'autre côté de la Méditerranée . Et moi je démarre une correspondance méthodique avec notre cousin germain , et je vis au rythme des pulsations de ce coeur lointain , une double vie qui nourrit mon imaginaire déjà débordant ...Enfant précoce ( vous vous en seriez douté ...) , toujours première à l'école - ce qui avait le don d'énerver mes "cousins du désert" qui préféraient Pim Pam Poum ou les Pieds Nickelés aux Petites filles modèles - très docile au quotidien , pas pesant d'obéir lorsqu'on s'est fait un espace liberté sans limite dans la tête...Je guette les signes qui font surgir par flashes cet amour lointain dans ma vie réelle : un nom de rue qui contient son prénom ? j'entraîne ma mère pour la promenade dominicale dans cette rue et je re-garde ce nom en passant , frissonnant d'être la seule à le "voir" en imaginant qu'il me voit aussi...la radio qui serine tous les jours les atrocités de la guerre dans son Pays , je mastique à toutes mandibules en essayant de couvrir de bruit dans mes oreilles ces nouvelles que j'ai si peur d'entendre. " Claire , essaie de te dépêcher un peu , tu en es encore à l'entrée , ta viande va être froide ! tu veux être la dernière comme d'habitude ?"
Et puis un jour , cette guerre catapulte les deux cousins en un lieu plus sûr : en France ! Mon cousin germain séjournera même chez moi , l'autre "cousin" chez ma grand-mère à nouveau , nous avons 15 ans . C'est déjà plus sérieux . Lui Don Juan , arrivant comme une comète avec sa traîne de multiples conquêtes , n'ayant qu'à me "cliquer" de son regard noir pour que je lui ouvre ma page en grand , commence une correspondance effrénée -qui fait le tour du lycée où il est interne, j'avais du monde sur mon blog à l'époque !- un flirt en secret quand les réunions familiales nous mettaient en présence, des contacts toujours électriques dans le noir au cinéma , jusqu'au jour où ...
Ma grand-mère fouille le cartable de Jj et y trouve des lettres .
Conseil de famille réduit : ELLE - MOI.
"Si tu n'arrêtes pas ça tout de suite , on va être obligés de prendre des sanctions . Tu n'as pas honte ? Ce n'est pas un garçon pour toi ! Ton père ne veut pas en entendre parler ...etc...etc..." Je ne comprends plus très bien parce que je suis à nouveau foudroyée , je ne sais plus très bien où sont mes limites , mon moi secret éclaté , déferlant sur mon moi réel , je nage à toutes brasses pour essayer de repêcher le plus vite possible le plus grand nombres de morceaux , je bois la tasse en avalant mon coup de foudre de travers , je promets tout ce qu'on veut , je disparais dans le jardin et je vais m'asseoir sur les premières pierres que je trouve...Du solide pour reprendre mon équilibre...
Le "boulet" est recatapulté d'où il venait . Je referme ma boîte à secrets avec dedans un nouvel enseignement , petit post-it sur mon fond d'écran ( aaah mais non , je me suis bien ramassée , mais ne m'en demandez pas trop tout de même , mon fond d'écran , c'est mon choix !) petit post-it pour ne pas oublier : la vie , ce n'est pas le rêve !...
A suivre.
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