tiens! envie de refaire un beau voyage au XIème siècle dans ce tableau de la dynastie des Song du Nord large de 5m28 pour 25cm de haut à défiler de droite à gauche en mettant le curseur au centre pour stopper
n'oubliez pas les carrés à double-cliquer pour une échappée dans l'espace temps !
En fait, non, il ne joue pas, il ne fait pas semblant,
il se livre il nous dit tout !
il ne joue pas du piano,il joue ...
en l'amputant d'une pièce inutile, pour poser son bras, sa main directement sur les cordes, il change leur sonorité et il joue... du oud !
en tirant les sons vers le haut avec sa main et en les reposant sur le clavier, il joue ... du yo-yo !
il sculpte les sons les nuance à la perfection il les caresse il les soutient de sa main libre il les souligne
les partage avec son public couchant vers lui son visage sur l'épaule droite dans les passages plus "sentimentaux"
tout le corps mobilisé dans l'expression deux mains qui parlent sans clivage entre les deux hémisphères il joue ...de lui !
Ce grand virtuose qui connait ses classiques chauffe la mécanique en jouant les fameuses variations de Mozart "Ah vous dirai-je maman"
comme s'il activait la greffe qui avait fait de l'instrument une partie de son corps
puis il interprète une composition personnelle "Kara toprak" (terre noire) en hommage à sa terre natale et au grand poète turc Nazim Hikmet poète engagé qui a passé la plus grande partie de sa vie dans la lutte en prison ou en exil
Moi un homme moi Nâzim Hikmet poète turc moi ferveur des pieds à la tête des pieds à la tête combat rien qu’espoir, moi.
(extrait de son recueil "Il neige dans la nuit")
Il neigeait aussi ce mercredi-là à Paris et mon amie, qui m'avait invitée au concert, me prêtait aussi son pticoin d'parapluie
et Fazil Say jouait ... lui, un homme, ferveur des pieds à la tête, lui...
après l'entracte, tout le monde redescendu sur... siège,
le programme reprend avec des improvisations et des interprétations jazz
et une partenaire au violon qui joue la musique comme lui, avec un instrument greffé qui n'est là que pour exprimer ce qu'elle veut dire, et qui le dit pieds nus !
look! look! listen!
et un partenaire aux percussions qui sait faire dire sur tous les tons à l'instrument son nom: darrrrrbou-ka !!
Est-ce pour conjurer l'enfermement que son père et lui ont vécu de l'intérieur ?
En tous cas une entrée murée... cet amoncellement de boîtes à gâteaux en fer rouillé comme autant d'urnes funéraires numérotées est-ce pour dire l'entrée n'est rien d'autre qu'un ticket de sortie ?
ce mur mesure près de 5 m de haut et nous force à lever la tête comme dans une cathédrale vers une voûte le nez aux cieux déjà on y croit
;-)))
tous ces numéros représentent-ils des années ? de naissance ? de mort ? des boîtes à trésors ?
le mur ... la ligne de démarcation ...
quelques rares personnes contournent le mur par la gauche
toutes ces boîtes ! (objet récurrent dans l'oeuvre de Boltanski depuis ... 69 !) combien y en a-t-il ? patience ! je les ai comptées ;-)))
sur trois rangées
16 en hauteur (environ 23 cm chacune)
128 en largeur, donc environ 20 m
ce mur qui bouchait l'entrée et qui bouchera la sortie, en zoomant sur cette photo j'ai vérifié et opéré :
128 x 16 x 3 = 6.144 ! ce nombre virtuel car l'intérieur du mur est en béton a-t-il une signification ? un nombre d'années ? un nombre de milliards ? un nombre de vêtements ?
la seule concordance mathématique que je lui ai trouvée est un nombre bien connu en informatique
512Mo 1024, 2048...6114 haut débit ? mémoire vive ?
Photos : Exposition "Personnes" de Christian Boltanski au Grand Palais, janvier 2010. Texte à surligner.
L'artiste souhaite faire vivre une expérience d'immersion au spectateur qui sera dans l'oeuvre et non pas devant l'oeuvre comme dans un musée
L'oeuvre Personnes est une création à caractère éphémère Selon la volonté de l'artiste les éléments qui la constituent seront rendus ou recyclés à la fin de l'exposition
Le vêtement autre objet récurrent dans l'oeuvre de Boltanski y apparaît en 1988
Disposés au sol en parterres 23 tonnes de vêtements achetés à des fripiers
69 parterres dans la nef
certains pratiquent l'immersion du sol au néon - est-ce pour cette raison que les néons ont été suspendus à hauteur de front ?
l'envie m'est venue de prendre les choses au pied du col
mais
il faut bien
se relever !
l'immersion, oui la reptation, non
et pourtant
tous ces vêtements ont été portés et symbolisent des vivants
dont on entend le battement de coeur à chaque fois différent
retransmis par un haut-parleur fixé à un pilier de chaque parterre
Allons-y d'un pas alerte comme cette jeune femme au sac blanc
la vie c'est comme ça ça ne dure que deux pas
cette pyramide est composée de plusieurs tonnes de vêtements entassés sur une armature métallique
nous sommes ici à l'article de la mort...
«Le Grand Palais est un espace très chargé, pas un white cube neutre comme le Turbine Hall de la Tate Modern, explique l'artiste qui « veut émouvoir, faire réfléchir, pas faire peur». Contrairement aux deux précédentes «Monumenta», «rien n'est à vendre, tout disparaîtra après » dans cette « exposition à développement durable » qui rejette tout luxe inutile. Pour réaliser la montagne de vêtements dans laquelle pioche sans fin une grue inhumaine, quelque 50 tonnes de vêtements ont été prêtées par Ecotextile et son jeune mécène, Mehdi Zerroug. Tout lui sera rendu pour être dûment recyclé. Pour les parterres, l'exposition commanditée par le ministère de la Culture (la moins chère des trois expos "Monumenta) a acheté plus de 5000 manteaux à des fripiers qui seront revendus ensuite. Anish Kapoor, le prochain nom avancé, n'est pas réputé si économe.
"la main de dieu" saisit au hasard une destinée plutôt qu'une autre
ces "destinées" semblent plus légères que les destinées plaquées à terre
"Les questionnements en art restent toujours profondément les mêmes. Ceux que j’aborde ici sont le hasard, la loi de Dieu, la mort. Le fait aussi qu’à partir d’un certain âge on a le sentiment de traverser en permanence un champ de mines, on voit les autres mourir autour de soi, alors que, sans raison, on reste, jusqu’au moment où on sautera à son tour. Tel est le sujet de Personnes." Christian Boltanski
ici ne reste plus que
l'insoutenable légèreté de l'être
plus ou presque de lourds manteaux ou de vestes
ici il n'y a plus qu'à perdre sa chemise la dernière, celle qui n'a pas de poche ...
et là-haut le grand jury qui participe au jugement dernier
élevons-nous par l'escalier
pour assister de près à l'exécution publique
du travail du bourreau
drôle de petit bonhomme rouge ;-)
ou de crabe... est-ce aussi la cancer qui dévore le monde actuel ?
quoiqu'il en soit vu d'en haut comme vu d'en bas ce spectacle est addictif
mais tous ces vêtements si légers qu'ils tombent dégingandés
il faut bien les abandonner à leur triste sire
et selon le souhait de l'artiste opérer le retournement de la tragédie vers la vie
descendons de notre piédestal
tourner et retourner vers la vie c'est aller
droit au mur !
Photos : Monumenta Christian Boltanski, Grand Palais Paris, janvier 2010.
"Je veux que cette exposition, ouverte à tous, et non aux spécialistes de l'art contemporain, puisse émouvoir et évoquer le drame de la vie qui inclut la mort dans son chemin." Christian Boltanski
1945, 1965, 1985, 2005... quatre générations sont nées sans avoir vécu "la" guerre
et beaucoup ont regardé d'un oeil en paix cette installation au Grand Palais
et pourtant
lorsqu'on sait
comment échapper à toutes les coïncidences qui montrent qu'à l'évidence ce message est inspiré par la Shoah
J'ai enregistré la video ci-dessus pour les sons qui m'ont interpellée :
la grue (la sirène qui annonçait les attaques aériennes et invitait les populations à se précipiter aux abris ou dans les caves)
les hauts-parleurs dans l'escalier d'honneur (le "jingle" de Radio-Londres)
et puis aussi
comment ne pas penser
en voyant l'agencement des "parterres" aux baraques des camps d'extermination
en voyant les IPN qui les délimitent aux rails des "trains de la mort"
en voyant les fils métalliques qui suspendent les néons aux fils barbelés des camps de concentration
en voyant cette pyramide de vêtements aux tas de chaussures... de cadavres...
(ceux qui le désirent et qui ne l'avaient pas encore fait peuvent cliquer pour des détails sur le lien "Shoah" en début de billet)
"j'ai eu l'idée d'un grand entrepôt, d'une gare ou d'une usine. Puis j'ai appris que le grand palais avait servi de garage à camions allemands pendant la guerre "
memento mori (souviens-toi que tu dois mourir)
ici-bas tout n'est que vanités
tiens, une dent en or oubliée ? ...
heureusement l'APN pour couper un peu de l'émotion, et la compagnie d'une amie...
retrouver la vie derrière le mur la sortie ?
pas avant d'avoir admiré tous les paysages créés par la rouille sur chacune de ces boîtes comme des vies en images ...
cette installation est éphémère il n'en restera rien tout sera rendu ou recyclé
comme nos vies ...
qu'en restera-t-il de concret en dehors de quelques photos quelques videos quelques nippes
ici est-ce une pantalonnade de l'Oulipien Boltanski ? point de pantalons à part un ou deux peut-être découvert à grand renfort de zoom !
encore moins de petites culottes, que des hauts ! une affaire de coeur ?
et si ta vie devait être mise en boîte laquelle choisirais-tu ?
et Après ? "Au Mac/Val, Après, c'est plus doux – il fait plus chaud –, avec un labyrinthe de blocs noirs, que l'on découvre, et des personnages que j'ai fabriqués et qui posent des questions aux visiteurs : « Comment es-tu mort ? »,« Est-ce que tu as beaucoup souffert ? », « As-tu laissé un amour ? »..."
Photos : Monumenta Christian Boltanski, Grand palais Paris, janvier 2010.
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